Ce blog s’appuie essentiellement sur des archives personnelles, comme on aura pu le constater. J’essaie en effet de retracer onze ans de parcours personnel, en rétablissant certains faits, à travers des articles publiés ou des conférences données. J’ai le malheur d’être un malade de cohérence, d’où ma répugnance viscérale pour les tentatives de réécriture permanente de l’histoire. L’objectif est donc ici de recréer un lien entre l’actualité et le passé proche, ce dernier servant de grille explicative pour décrypter un événement qui vient de se produire ou pour démentir, si besoin est, une manipulation.
Or, exceptionnellement, je ne réagirai pas cette fois à un événement passé en ressortant un article écrit il y a une poignée d’années, mais en essayant de réagir à chaud sur l’actualité immédiate – ce que je fais en tant qu’analyste et que journaliste d’opinion pour L’Orient-Le Jour. Mais c’est parce que l’initiative à laquelle je consacre ce post me paraît essentielle à publier dans le cadre de ce bog.
Un groupe d’une centaine de cadres et d’intellectuels, qui représentent quelque part la fibre civile qui a vibré tout au long de l’intifada de l’indépendance sans jamais plus se retrouver ensuite dans les formations partisanes qui constituent le mouvement du 14 Mars, viennent en effet de lancer, le mardi dernier 7 décembre 2010 à l’hôtel Gabriel, le Rassemblement pour la justice et la réconciliation, qui appréhende déjà la période de l’après acte d’accusation que le Tribunal spécial pour le Liban doit en principe faire paraître incessamment, dans les jours ou les semaines à venir.
Le nom du rassemblement a certainement dû en frapper plus d’un. Il est évident, en tout cas, qu’il suscite les réactions les plus variées au niveau de l’opinion publique.
Certains n’y verront en effet rien de plus que du rabâchage de formulations déjà utilisées et se contenteront de qualifier le texte de nouvelles errances stupides et stériles émanant du secrétariat général du 14 Mars. C’est en effet le genre de commentaires superficiels et totalement partiaux que l’on retrouvera d’ici quelques jours sur certains blogs gravitant dans l’orbite du courant aouniste et de cette nouvelle extrême-droite/extrême-gauche nébuleuse fascinée par le Hezbollah.
D’autres, au sein du 14 Mars « traditionnel », n’en verront pas le sens ou la fonction. Pris dans l’engrenage de la politique politicienne, ils n’analyseront probablement cette initiative que dans le cadre des enjeux de pouvoir en cours tant sur le plan local que régional, et en tireront la conclusion suivante : il y a effectivement un compromis en cours sur la dynamique du TSL, et cette initiative, qui formule, toujours selon cette logique, l’hérésie d’une « réconciliation » au moment même de la confrontation, serait le signe annonciateur de la reddition prochaine et totale du 14 Mars. En d’autres termes, dans l’optique de ceux qui pourraient adopter ce positionnement par rapport au texte fondateur du RJR, parler de « réconciliation », c’est donc vouloir se réconcilier avec ceux qui pourraient être mis en cause par la justice, la Syrie ou le Hezbollah. D’où la « mollesse » du document en question, qui prépare les troupes a la capitulation.
Or il y a évidemment beaucoup de mauvaise foi – ou bien d’égarements – dans ces deux postures analytiques. Car la réconciliation dont il est fait état dans ce document n’a absolument rien à voir avec un quelconque compromis politicien vaseux qui viendrait émousser l’effet de la justice. Loin de là. C’est justement en choisissant d’emblée de se placer dans une perspective de politique politicienne que ces éventuels sceptiques pourraient s’égarer, et se retrouver sur une fausse piste. L’erreur viendrait peut-être du fait de la confusion qui règne dans les esprits entre le thème politique de la « réconciliation » et la pratique politicienne du « compromis ». Or s’il n’a jamais pu être réellement question d’une « réconciliation » au Liban dans la pleine acception du terme, c’est bien en raison des « compromis » qui en ont toujours été les fossoyeurs. A titre d’exemple, la loi d’amnistie imposée par la Syrie au lendemain de la fin de la guerre civile avait pour but d’empêcher toute réappropriation par les Libanais de leur histoire et de leur mémoire. Tous les coupables ont ainsi été « rachetés », moyennant leur ralliement à l’occupant syrien et la légitimation de son pouvoir tyrannique – sauf ceux qui ont refusé l’offre alléchante à l’époque pour croupir ensuite en prison onze ans durant.
L’objectif de ce « rachat » était certes d’abord de nature politique. Il était en effet plus facile de manipuler les pions déjà sur le terrain plutôt que d’en créer de nouveaux. Qui plus est, la manipulation desdits pions était plus facile, puisque le décideur syrien tout-puissant pouvait facilement, lorsqu’il jugeait tel ou tel pion trop rebelle à son goût, décider par illumination soudaine de se souvenir de son passé criminel pour mieux l’abaisser, le contenir, le dresser en lui faisant miroiter le spectre de la justice sélective. Cependant, Damas n’étant guère innocente du sang versé au Liban, un travail de mémoire et de détermination des différentes responsabilités aurait accéléré la dynamique de la réconciliation nationale, laquelle aurait à son tour, unité islamo-chrétienne refaite, ouvert grand la voie au rejet de l’occupation et au rétablissement de la souveraineté. En d’autres termes, Damas aurait eu à faire au Liban à un 14 mars 2005 dans les premières années de la décennie 1990. D’où la décision de Damas d’opter pour l’amnésie volontaire, capable, elle, dans la dynamique exactement contraire, de permettre la reproduction des mêmes erreurs, et donc de garantir la nécessité et la pérennité du Léviathan/arbitre/juge/souverain autoproclamé syrien au Liban.
Qu’est-ce que tout cela signifie ? Eh bien, qu’il est simplement impossible de renoncer à la justice pour aboutir à une véritable réconciliation, seule garante de stabilité. Il n’est donc pas question de concéder quoi que ce soit ni concernant le principe de la justice et de la fin de l’impunité, ni sur le Tribunal spécial pour le Liban. Le texte est clair à ce sujet. Il n’existe donc aucune velléité d’aider celui qui se sera avéré avoir commis les crimes, quel qu’il soit au final, à échapper aux sanctions. Au contraire. Le texte part du principe d’exigence absolue non seulement du respect de la justice, mais aussi de son application, et donc de la punition des coupables. Il n’y a donc, à ce niveau, pas le moindre changement par rapport à l’attitude du 14 Mars partisan.
Voici donc un premier malentendu éventuel dissipé. Reste le second, celui qui perçoit la réconciliation comme une formule compromissoire pour tendre la main au Hezbollah et le sortir de son éventuel malheur de mis en accusation, pour que tout le monde soit beau et gentil comme dans un conte de fées. Or, une fois de plus, il n’en est rien. Penser que ce texte s’adresse directement au Hezbollah, et que la partie concernée par l’idée de la réconciliation est le parti de Hassan Nasrallah, c’est se méprendre sur l’ensemble de l’initiative. Encore une fois, la nouveauté de ce texte, fort justement, est d’établir pour la première fois un lien de cause à effet entre l’établissement et l’application nécessaires et incontournables – sans compromis aucun – de la justice, et l’idée de la réconciliation. Présenter donc ce texte comme une issue de secours pour éviter une éventuelle confrontation politique avec un Hezbollah accusé, c’est en mutiler l’esprit même. Ce document n’a pas été rédigé dans un souci d’instantanéité, du moins pas dans la partie qui concerne la réconciliation. Sa revendication immédiate, urgente, est au contraire l’attachement irrédentiste à la justice et au transfert des coupables devant la justice internationale.
Le souci de ce texte est ailleurs. Il est dans la durée, dans le temps de l’après-acte d’accusation. Il en a passé le cap. Il ne faut donc pas le lire avec les yeux d’un citoyen prisonnier de l’équation actuelle mise en place par le Hezbollah, du pseudo choix tragique à faire entre la justice et la stabilité. Ce document a déjà fait son choix, et n’en est plus à ce genre de questionnement essentiel et stérile. Il a déjà pris fait et cause pour la justice, et c’est la volonté de consolider et d’enraciner définitivement la stabilité dans la durée, par la réconciliation, qui l’anime. D’où le fait que le Hezbollah – qui obnubile à présent les esprits par son arrogance et ses manifestations de puissance à travers ses interminables et violentes logorrhées de son chef et de ses cadres – n’est pas du tout le centre d’attention de cette initiative. Ce qui intéresse ce texte, c’est une réconciliation de l’âme libanaise, et donc de ses composantes sociocommunautaires historiques, et non la réconciliation d’un camp politique avec un parti surarmé. Cette dernière est de l’ordre du détail, et, du reste, impossible.
En ce sens, le document fondateur du RJR s’inscrit parfaitement dans l’esprit et la logique de l’intifada de l’indépendance, qui était l’instant de réconciliation historique libanaise par excellence entre les Libanais : réconciliation des communautés les unes avec les autres dans un espace central, celui de la Cité, et réconciliation des citoyens, des individus les uns avec les autres, au cœur de ce même espace. D’ailleurs, il n’échappera à personne que le slogan de l’intifada de l’indépendance, développé au centre-ville dans la foulée de l’assassinat de Rafic Hariri, était le suivant : « Vérité, liberté, unité nationale ». Ce slogan remplaça en effet, des février 2005, le cri de guerre des partis de l’opposition chrétienne durant toute la période de l’occupation syrienne : « Liberté, souveraineté, indépendance ». Or à la « vérité » correspond l’exigence de justice, sa recherche et son établissement. Le corollaire politique du principe de la liberté, c’est la souveraineté et l’indépendance. Quant à l’unité nationale, elle correspond, dans la pratique, à la réconciliation des composantes sociocommunautaires qui fondent le pacte national dans le cadre d’un projet commun, le Liban.
Or l’idée de la liberté est immanente dans ce texte, puisqu’elle en est le principe philosophique moteur, ou encore le cadre régulateur qui permet son existence et sans laquelle l’initiative toute entière serait vidée de son sens – d’où la référence historique au début du texte au double-exploit de la Libération (al-Tahrir) du territoire face à Israël, et de l’Indépendance (al-Istiqlal) face à l’hégémonie politique et militaire de la Syrie. En amont, c’est donc le cadre que la liberté garantit qui peut permettre de réaliser enfin le lien qui nous intéresse, entre la justice et la réconciliation.
Dans la pratique, cela signifie – et pour la première fois, face à l’impunité ancestrale du crime – qu’à l’ombre de la règle de droit établie va pouvoir se rétablir aussi à la fois et enfin la potentialité de l’égalité et de la légalité, ce qui ouvre la voie grande à une redéfinition du périmètre interne de l’Etat après la redéfinition de son périmètre externe (le rétablissement de la souveraineté par le biais de l’intifada de l’indépendance). Le problème n’est donc plus le Hezbollah inscrit dans la vieille problématique du monopole de la violence légitime, mais l’après-Hezbollah, dans une dynamique de redéfinition d’un espace commun avec une grande partie de la communauté chiite, restée coincée, du fait du Hezb, dans une temporalité antérieure à celle de l’instant de réconciliation historique représenté par l’événement fondateur du 14 mars 2005.
Voici le texte de l’appel du « Rassemblement pour la Justice et la Réconciliation » :
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L’Appel du « Rassemblement pour la Justice et la Réconciliation »
Cet appel s’adresse à toutes les personnes concernées par l’avenir de leur pays et qui ne veulent pas rester les bras croisés dans l’attente de ce qui pourrait arriver. Il les convie à unir leurs efforts et à réfléchir ensemble aux moyens de tourner définitivement la page de la guerre et d’œuvrer, sur base de la justice, à une réconciliation nationale. Il propose pour cela la mise sur pied d’une structure d’action et de coordination – un rassemblement pour la justice et la réconciliation– qui puisse permettre à la société libanaise d’assumer ses responsabilités dans cette étape cruciale de l’histoire de notre pays.
I- Depuis plus d’un demi-siècle, le Liban vit en état de guerre permanente, ponctué de trêves plus ou moins longues. La guerre de 1958 fut la première, suivie en 1975 par le long conflit qui dura 15 ans, au bout desquels les camps en présence ont fini par imploser en des guerres intestines. Les conflits intracommunautaires se sont substituées aux guerres intercommunautaires. Durant la même période, cinq guerres avec Israël ont eu pour théâtre le Liban : en 1978, en 1982 qui a conduit à l’occupation de sa capitale, en 1993, en 1996, et la dernière en 2006 qui a entrainé d’importantes pertes humaines et la destruction de ses infrastructures. Notre pays a également connu une présence militaire palestinienne depuis les accords du Caire (1969), une occupation israélienne qui s’est poursuivie de 1978 à 2000, et une mainmise syrienne sur le pays qui s’est maintenue de 1990 à 2005.
Les Libanais vivent aujourd’hui sous la menace d’un nouveau conflit, sommés qu’ils sont de choisir entre la justice ou la paix civile. On les somme de renoncer à l’exigence de justice pour les assassinats politiques et les attentats perpétrés depuis 2005. Il leur est demandé d’accepter le fait accompli des armes et de se résigner à vivre en permanence dans la peur les uns des autres, hantés en permanence par les peurs du passé que ravivent les conflits d’aujourd’hui.
A cette peur des lendemains difficiles s’ajoute chez les Libanais le sentiment qu’ils ne sont plus maîtres de leur destin et que leur avenir se décide hors des frontières nationales, dans des négociations entre les Etats de la région sur lesquelles ils n’auraient aucune prise.
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II- Pourtant les Libanais ont, à leur actif, des réalisations communes dont peu de pays de la région peuvent se prévaloir :
- Ils ont été les seuls dans la région à reconnaître et accepter la diversité de leur société et à créer, sur la base de cette reconnaissance, un régime politique basé sur le pluralisme et la démocratie ; doté d’une justice autonome par rapport au pouvoir politique. Ils ont été également les seuls, avec l’accord de Taëf (1989), à placer le vivre-ensemble au fondement de la légitimité nationale.
- Ils ont été les seuls, parmi les pays arabes de la région, à avoir libéré leur territoire de l’occupation israélienne sans faire de concessions, forçant Israël à mettre en application une résolution internationale, la résolution 425 adoptée par les Nations Unies 22 ans auparavant (1978).
- Ils ont enfin été les seuls dans cette région à se libérer d’une dictature en se mobilisant pacifiquement sans avoir recours à la violence ou à une aide extérieure. Il n’y a pas dans l’histoire de la région, et même ailleurs, l’exemple d’une manifestation, comme celle du 14 mars 2005, qui a regroupé plus du tiers de la population d’un pays et forcé l’armée syrienne à se retirer au-delà des frontières.
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III- Il est temps pour les Libanais de reprendre en main leur destin national en mettant un terme à ce cycle ininterrompu de violences et de mort et en renouant avec le « rêve libanais » qui a vu le jour au printemps 2005 : rêve de jouir en paix avec eux-mêmes et avec les autres de la douceur de vivre qu’engendrent la diversité exceptionnelle de leur société et leur capacité exceptionnelle à nouer des liens entre eux et avec le monde.
La justice est le seul moyen dont ils disposent pour mettre fin à leurs guerres et réhabiliter la règle du droit et de la loi qui est au fondement de leur vie commune. En 1989, au sortir d’un long confllit, ils ont choisi de refonder leur paix civile, non sur un acte de justice, mais sur une loi d’amnistie. Or cette loi n’a pas réussi, indépendamment de l’application arbitraire qu’elle a connue, à tourner la page du passé qui a continué à peser lourdement sur le présent des Libanais, hypothéquant leur possibilité de se projeter dans l’avenir.
C’est cette exigence justice qui sert de fondement à un Liban enfin réconcilié avec lui-même. C’est cela qui donne toute son importance au Tribunal Spécial pour le Liban appelé, pour la première fois depuis le début de nos guerres à juger les auteurs d’un crime politique, mettant ainsi fin au régime d’impunité qui a longtemps prévalu aussi bien au Liban que dans la région.
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IV- Mais pour que cette justice puisse servir à tourner définitivement la page du passé, plusieurs conditions sont nécessaires :
Il est tout d’abord nécessaire d’empêcher son instrumentalisation par un l’un ou l’autre camp. La justice s’adresse aux individus et non aux collectivités auxquelles ils appartiennent. Il n’y a pas au Liban des communautés « innocentes » et d’autres « coupables ». Il est grand temps de mettre un terme à la politique de réduction d’une communauté aux partis ou aux hommes politiques qui prétendent la représenter, politique qui est à la source de tous nos problèmes, car elle fait assumer aux citoyens la responsabilité de décisions politiques que d’autres ont pris pour eux sans même les consulter.
Il est également nécessaire de ne pas faire d’amalgame entre un acte d’accusation qui initie un processus de justice et le verdict d’un tribunal qui marque son aboutissement. Cet amalgame est dangereux, car il remet en question la notion même de justice, le suspect étant « condamné » avant même d’avoir été jugé et d’avoir pu se défendre. Ainsi, il sera toujours impossible de tourner, sur base de l’exigence de justice, la page du passé.
Il est enfin nécessaire d’initier un processus de réconciliation de chaque Libanais avec lui-même et avec les autres. Cette réconciliation ne peut se faire que sur la base d’une reconnaissance de notre responsabilité commune dans les guerres qui ont ravagé notre pays , ayant tous, à un moment ou à un autre, eu recours aux armes et recherché dans les guerres que nous nous sommes livrées l’aide de forces extérieures, renonçant de ce fait à notre indépendance et notre souveraineté pour être finalement réduits, sans même nous en apercevoir, au rang de simples instruments dans les guerres qui se sont succédées !
Cette reconnaissance de notre responsabilité commune est essentielle. Elle ne se situe pas à un niveau politique, mais éthique. L’assassinat de Rafic Hariri n’est pas unique dans son genre, mais c’est il est le seul à faire l’objet d’un procès en justice. A défaut de pouvoir juger tous les autres crimes, il est nécessaire, en vertu de l’exigence de justice et en faveur de tous les morts des guerres libanaises, de reconnaître notre responsabilité morale pour tous les crimes qui ne feront pas l’objet d’un procès équitable. Cette reconnaissance qui réhabilite notre système de valeurs permet de refonder notre vivre-ensemble sur des bases nouvelles.
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V- Cette réconciliation, pour être effective, doit conduire les libanais à lever d’abord les hypothèques communautaires qui bloquent la mise sur pied d’un Etat capable de protéger leur vivre-ensemble et d’assumer ses responsabilités à l’égard de ses citoyens en assurant leurs droits essentiels :
- Le droit de vivre dans un pays qui ne soit pas un champ permanent de bataille au service d’intérêts partisans ou étrangers, un pays où le monopole de la force n’est pas détenu par des partis politiques ou des milices armées, mais par l’Etat, seul autorisé à prendre des décisions qui engagent les citoyens.
- Le droit de vivre dans le cadre d’un Etat civil où l’individu n’est plus réduit à sa seule dimension communautaire, amputé de sa dimension citoyenne, un Etat de droit où la loi qui est l’expression de la volonté générale est la même pour tous, où la justice est indépendante du pouvoir politique, où l’administration n’est pas au service d’intérêts communautaires ou partisans, où la participation du citoyen à la vie publique est garantie par une loi électorale moderne, une décentralisation administrative…
- Le droit de vivre dans une société moderne et ouverte, respectueuse d’elle-même, où le citoyen peut choisir de n’être plus régi par un statut personnel religieux, mais civil, où la femme n’est plus victime de mesures discriminatoires, où le respect de l’être humain est le même pour les nantis comme pour les démunis, pour les travailleurs libanais comme pour les travailleurs étrangers, où les lois imposent le respect de la nature, empêchent les atteintes à l’environnement, préservent le patrimoine historique, protègent la santé des consommateurs…
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VI- La réconciliation des Libanais devrait également se traduire par une nouvelle vision de leurs rapports avec leur environnement régional. Il ne s’agit plus de solliciter l’aide de l’extérieur dans les luttes internes, mais de participer à transformer l’environnement extérieur régional pour asseoir la paix interne et permettre ainsi au Liban de jouer son rôle dans la mise sur pied d’un nouveau Machreq (Levant) arabe affranchi des servitudes du siècle passé et des conflits interminables qui l’ont marqués et libéré de la violence qui l’habite actuellement. Un Machreq capable de recouvrer le rôle d’avant-garde qui a été historiquement le sien durant la période de la Nahda. Un Machreq qui pourrait jeter les bases d’une nouvelle vision de l’arabité libérée de tout contenu visant à l’exploiter au service d’une religion, d’un Etat ou d’un parti ; une arabité culturelle qui intègrerait les concepts de diversité, de démocratie, de tolérance, de respect des droits de l’homme, une arabité qui accorderait la priorité à une solution juste et durable du problème palestinien qui est la condition nécessaire pour mettre fin à cet affrontement qui, depuis de longues décennies, entrave le développement du monde arabe et hypothèque ses relations avec l’Occident.
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Les signataires
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Les personnes intéressées à participer à la création de ce rassemblement peuvent contacter les signataires de cet appel à l’adresse suivante :aadala.mousalaha@gmail.com